La simple perspective qu’un recruteur vous pose cette question en entretien d’embauche vous met mal à l’aise. Même si vous vous réjouissez à l’idée de quitter votre poste actuel, il peut être embarrassant d’en évoquer les raisons devant un employeur potentiel. Voilà pourquoi vous devez être bien préparé en amont à répondre à cette question.
Tout comme « Pourquoi voulez-vous travailler dans notre entreprise ? », « Pourquoi souhaitez-vous changer de poste ? » est l’une des questions couramment posées en entretien. En expliquant clairement et brièvement les raisons pour lesquelles vous souhaitez entamer un nouveau chapitre de votre carrière, vous optimiserez vos chances de décrocher le poste. Le cas échéant, vous risquez de semer le doute dans l’esprit du recruteur, qui se demandera pour quelles raisons vous cherchez à éluder la question, même si ce n’est pas le cas.
Voici quelques conseils pour expliquer le départ de votre emploi actuel, les raisons pour lesquelles les employeurs posent cette question en entretien, et les écueils à éviter dans votre réponse.
Pourquoi les employeurs veulent-ils connaître vos raisons de quitter votre emploi ?
Le but de cette question n’est pas de vous piéger ni de donner une mauvaise image de vous. En vous interrogeant sur vos motivations, le responsable du recrutement essaye d’en savoir plus sur vos objectifs de carrière et sur la qualité de vos relations avec votre employeur actuel.
Votre réponse peut également apporter un éclairage sur vos motivations et sur ce que vous attendez d’un nouvel emploi, qu’elles concernent une montée en compétences, un changement d’environnement de travail et vos objectifs de carrière.
En vous questionnant sur vos aspirations, le recruteur veut aussi s’assurer d’être en mesure de vous faire une proposition de poste en phase avec vos envies et vos souhaits d’évolution, afin d’éviter les déconvenues.
Enfin, la question « pourquoi souhaitez-vous changer de travail ? » offre la possibilité au recruteur de tester vos motivations et votre détermination pour le poste, et s’assurer que votre recherche d’emploi n’est pas un moyen de glaner des offres d’embauche, afin d’obtenir par la suite une contre-offre de votre employeur actuel. D’après le Guide des Salaires 2023 de Robert Half, 38% des dirigeants sondés estiment que le nombre de candidats acceptant des contre-offres de leur actuel employeur a augmenté au cours des 12 derniers mois. Un phénomène qui incite d’autant plus les recruteurs à être vigilants sur les réelles motivations d’un changement de poste.
Quels sont les exemples de motifs de changement de travail ?
L’envie d’un changement professionnel peut évidemment s’expliquer par de nombreuses raisons valables. En les évoquant, vous avez l’occasion de mettre en avant vos ambitions. D’après l’étude Robert Half « Ce que veulent les candidats », publiée en Novembre 2022, une augmentation de salaire, un meilleur équilibre vie professionnelle/vie personnelle, et l’ennui dans le poste actuel, sont les 3 raisons principales qui poussent à vouloir changer d’entreprise.
1. La rémunération
Dans un contexte inflationniste, le salaire est la raison n°1 pour laquelle la population active souhaite changer d’emploi. Un motif très entendable pour les recruteurs, qui savent que changer d’entreprise reste le meilleur moyen de faire un gap salarial. Prétendre à un nouveau salaire ne doit cependant pas être le seul motif exposé lors de votre entretien d’embauche.
2. Un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée
La plupart des employeurs savent que depuis la pandémie, la population active est devenue plus exigeante en termes d’équilibre entre vie privée et vie professionnelle. Les dirigeants ont pris conscience ces dernières années de ce désir de flexibilité, et ont mis en place des mesures pour attirer et retenir leurs collaborateurs sur cette question. Exposez clairement vos souhaits : nombre de jours de télétravail par semaine, flexibilité des horaires, semaine de 4 jours, etc.
3. Davantage de responsabilités et d’opportunités de développement de carrière
L’envie de développer vos compétences et de vous former à de nouveaux outils est un signe d’implication qui apporte de la valeur ajoutée à votre profil. C’est donc une raison très valable pour changer de travail. Si vous ne disposez pas des ressources nécessaires pour vous former et acquérir des compétences à votre poste actuel, citez des exemples de compétences que vous souhaitez développer et les moyens concrets dont vous avez besoin pour y parvenir.
4. Une réorientation professionnelle
La pandémie a révélé de nouvelles aspirations professionnelles parmi la population active. Ce désir de réorientation peut se traduire par une quête de sens dans votre quotidien de travail, ce qui constitue une motivation tout à fait valable de changement de travail. Toutefois votre démarche doit être illustrée, vous devez être en mesure d’expliquer clairement ce qui vous plairait dans votre nouvelle activité et pourquoi.
5. Restructuration de l'entreprise
Les plans de restructuration des entreprises aboutissent parfois à des réductions d’effectifs, un recentrage d’activité et une nouvelle organisation. Ceux-ci peuvent impacter votre champ d’action dans votre entreprise actuelle, et parfois le limiter. Une bonne raison de changer d’emploi et de vous rechallenger !
6. Déménagement
Parfois, la bonne réponse à cette question est tout simplement l’envie ou le besoin de changer de ville. Dans ce cas, présentez les raisons de votre décision, les compétences que vous pouvez offrir à l’entreprise ainsi que les avantages qu’un nouvel emploi et un nouveau lieu de vie peuvent vous apporter.
7. Le poste ne correspond pas à ce qu’on m’avait proposé
Il peut arriver que l’entreprise que vous venez d’intégrer ne vous convienne pas et que vous vous aperceviez de décalages importants entre le poste présenté lors du processus d’embauche et votre quotidien professionnel. Changer d’emploi pour cette raison reste un motif tout à fait entendable pour les recruteurs.
8. La quête de sens / non-adhésion à la culture d’entreprise
Le phénomène de « grande rotation », présent depuis plus d’un an sur le marché français, témoigne de l’émergence d’aspirations fortes post-Covid à trouver un travail qui corresponde à ses attentes et permette de s’épanouir. Une tendance dont les dirigeants d’entreprise semblent conscients. Toujours dans le Guide des Salaires 2023 de Robert Half, 73% des dirigeants français sondés estiment que posséder une solide culture d’entreprise est essentiel pour attirer et fidéliser les collaborateurs.
Quels sont les écueils à éviter dans votre réponse ?
On peut facilement se retrouver dans un mauvais pas quand on répond à ce type de question. Même si vous avez l’impression que l’entretien se passe bien et que le responsable de recrutement vous met à l’aise, prenez soin d’éviter les écueils suivants dans votre réponse :
Se plaindre – Ne submergez pas le recruteur sous une avalanche de plaintes au sujet de votre ancienne entreprise ou de vos ex-collaborateurs. Vous pourriez passer pour quelqu’un d’amer ou de négatif, des défauts qu’aucun employeur ne recherche dans une recrue potentielle. Mettez plutôt en avant les points positifs, par exemple les opportunités dont vous avez bénéficié à votre ancien poste et les enseignements tirés de cette expérience.
Critiquer un manager/une entreprise – Même si vous quittez votre emploi à cause d’un conflit managérial, essayez d’aborder le sujet avec tact et sous un angle positif. Par exemple, si votre patron avait du mal à déléguer, dites-le, mais expliquez aussi comment vous l’avez tenu informé de toutes vos missions en le mettant à jour sur une base quotidienne ou hebdomadaire. Dire du mal d’un ancien employeur peut passer pour un manque de professionnalisme de votre part.
Manquer d’humilité - restez raisonnable par rapport à vos aspirations et à votre expérience professionnelle. A titre d’exemple, ne justifiez pas votre volonté de changer de poste par l’ennui si vous travaillez depuis moins de deux ans dans votre entreprise actuelle. Prétendre « avoir fait le tour du poste » en si peu de temps apparaîtra comme un signe d’inconstance aux yeux du recruteur.
Ne pas donner d’explications claires : le flou dans les réponses à cette question peut semer le doute dans l’esprit du recruteur. Le manque de précisions, qu’il soit volontaire ou non, peut instaurer un climat de méfiance peu propice à la réussite du processus d’embauche.
« Réfléchissez aux bonnes raisons de quitter votre poste avant de démarrer votre recherche d’emploi, en étant honnête avec vos motivations pour avoir les idées claires. Vous vous sentirez d’autant plus à l’aise lorsque le responsable du recrutement lancera la question pendant l’entretien d’embauche. » — Clarisse Amrani, directrice du bureau Robert Half d’Aix-en-Provence