Depuis longtemps, le stress continu est l’ennemi d'un lieu de travail sain. Surtout lorsqu'il conduit à un épuisement professionnel, qui réduit à son tour l’implication et l’efficacité des employés. Il est évident qu'il y a beaucoup à faire pour préserver la santé mentale et le bien-être des collaborateurs. Pour répondre à ce problème, de plus en plus des entreprises proposent des programmes de bien-être pour aider leurs collaborateurs.
Nous avons formulé pour vous quelques suggestions à l’approche de la Journée mondiale de la santé mentale, qui aura lieu le 10 octobre. Elles incluent les réflexions de Nic Marks, statisticien de premier plan basé à Londres, expert du bien-être et fondateur de Friday Pulse.
Pendant trop longtemps, la santé mentale a été un sujet tabou sur le lieu de travail. En partie parce que pour certains, la santé mentale évoque la maladie mentale. Et comme l’explique Nic Marks, « Personne ne veut être considéré comme un problème qu'il faut résoudre. »
D’autre part, la santé mentale est rarement abordée sur le lieu de travail parce que les employeurs ne la considèrent tout simplement pas comme leur responsabilité. Ils ne réalisent pas à quel point elle les concerne.
Les managers qui favorisent une discussion saine sur le bien-être et offrent une oreille attentive aux collaborateurs accablés par le stress et les nouvelles frustrations peuvent contribuer à éviter le burn-out qui en résulte souvent. En faisant preuve d’empathie, vous encouragez les employés à prendre la parole pour partager leurs expériences professionnelles. Grâce à une meilleure compréhension des problèmes qui les touchent, vous pourrez leur proposer des solutions. De nombreux cadres ont récemment manifesté leur volonté de partager leur propre vécu, même si certains craignaient de paraître vulnérables. Une démarche largement récompensée, puisque de nombreux employés se sont livrés grâce au soutien et à l’empathie de leurs supérieurs.
Ce qui devrait particulièrement préoccuper les employeurs, c’est que leurs meilleurs éléments sont peut-être ceux qui sont les plus susceptibles de s’épuiser. « Il est évident que le burn-out touche avant tout les personnes investies dans leur travail », explique Nic Marks. « Elles sont prêtes à faire un effort supplémentaire, jusqu’à s'oublier totalement et crouler sous la charge de travail. Les employés qui se soucient peu de leur travail ne feront pas cet effort supplémentaire et facultatif qui pourrait les faire basculer. »
De nombreuses entreprises prévoient aujourd'hui des programmes de santé mentale et de bien-être.
Cependant, Nic Marks estime que la plupart de ces dispositifs ne sont pas une antidote. « En réalité, bon nombre de programmes de bien-être proposent aux employés de prendre soin d’eux-mêmes, avec des cours de pleine conscience ou une ligne d’assistance téléphonique. Ils sont utiles, et les entreprises ont raison de les mettre en place, mais beaucoup de collaborateurs sous pression n’ont pas le temps de s’engager dans de telles initiatives d’autosoins. »
C’est là qu'intervient le soutien des supérieurs hiérarchiques. Un dialogue régulier avec votre équipe est l’outil le plus puissant pour réduire le stress et l’épuisement professionnel. Si une communication efficace a toujours fait partie des compétences clés des managers, il s’agit désormais d’une responsabilité essentielle lorsque les employés ne sont plus physiquement réunis dans un même espace de travail. Une bonne règle de base consiste à discuter 2 à 3 fois plus souvent qu’au bureau, en tête-à-tête ou en petits groupes d’employés.
Nic Marks ajoute : Friday Pulse recommande aux organisations de demander une fois par semaine à chaque collaborateur comment il se sent. » « En agissant de la sorte dans toute l’entreprise, on diminue le nombre d’équipes mal gérées, car les résultats apparaissent rapidement et les cadres supérieurs peuvent intervenir pour offrir un soutien ciblé là où il est le plus nécessaire. »
Lorsque vous communiquez avec les membres de votre équipe, tâchez de les écouter attentivement pour avoir une idée concrète de la façon dont ils se sentent et comprendre comment ils gèrent les nouveaux facteurs de stress (moins de socialisation, moins de possibilités de repos et de détente, scolarité à distance, etc.). Par ailleurs, il est possible que certains proches de vos collaborateurs aient été licenciés, ce qui peut entraîner un sentiment d'insécurité professionnelle et du stress chez vos employés.
Il est évident que vous devrez sans doute communiquer de manière virtuelle. Dans la mesure du possible, utilisez les appels vidéo. Pour les membres de l’équipe, il est étonnamment thérapeutique de se voir parler, élaborer des stratégies, sourire et rire alors que nous sommes si nombreux à souffrir de l’isolement.
Vos collaborateurs apprécieront certainement un appel vidéo hebdomadaire rapide, d'une quinzaine de minutes, indépendamment des réunions de travail. Évitez toutefois de réunir simultanément trop de personnes. « Si ces réunions regroupent plus de 4 ou 5 personnes, les plus introvertis ne seront pas en mesure de s’exprimer », explique Nic Marks. Si le groupe est trop grand, il risque aussi de donner lieu à des conversations secondaires et parallèles, qui sont distrayantes et déroutantes.
Les déséquilibres entre travail et sphère privée traduisent souvent un stress accru — voire un burn-out. Ceux-là sont souvent dû à une charge de travail plus importante. Soulagez vos collaborateurs en faisant appel à des professionnels temporaires qualifiés.
Vous pouvez aussi offrir une flexibilité accrue à vos équipes en proposant des horaires décalés. Il s’agit simplement de leur permettre de diviser leur journée de travail en fenêtres réduites, entrecoupées de pauses personnelles. Il est fort probable que ces blocs de travail seront prestés pendant les heures de bureau habituelles, mais certains pourront avoir lieu plus tôt ou plus tard, selon la préférence de l’employé(e).
Enfin, encouragez vos collaborateurs à prendre les jours de congé auxquels ils ont droit. Ils pourront en profiter pour se détendre, remède ultime contre le stress et le burn-out.
Il est impératif que vous compreniez l'importance de votre implication.
Planifiez de brefs appels vidéo avec votre équipe sur une base hebdomadaire, simplement pour voir comment chacun gère ces nouvelles conditions de travail et le stress qui en découle.
Organisez un brainstorming pour lutter contre le stress et l’épuisement.
Faites preuve d’empathie : Quel est le moral de votre équipe ? Comment gère-t-elle les nouveaux facteurs de stress ?
Veillez également à appeler chaque personne de manière régulière.
Faites appel à des professionnels temporaires qualifiés pour soulager les goulets d’étranglement.
Suggérez des horaires de travail décalés.
Encouragez votre équipe à prendre des congés bien mérités.
En mettant tout en œuvre pour créer un lieu de travail propice au bien-être mental, vous aiderez non seulement vos employés, mais aussi votre entreprise. Nic Marks estime que cette démarche peut offrir aux organisations un retour sur investissement 5 fois supérieur. « Le hic, c’est qu’il faut y consacrer du temps et de l’énergie, pas seulement de l’argent », conclut-il.